19 March 2018

Le 88ème Salon International de l’Automobile (Geneva International Motor Show – GIMS) ferme ses portes sur un bilan un peu décevant puisque les visites sont en baisse de 4.5%, soit 660’000 visiteurs. Est-ce une tendance, un hasard, un phénomène cyclique ? Quelques éléments de réponse dans ce Bilan 2018.


Texte : Tony da Silva / Photos : Thomas Chatton, Marc-Philip Jennings


Le Salon…

Il est indubitablement en baisse, mais ce n’est pas nouveau. Depuis 2011 et son record de 735’000 visiteurs, le Salon a affiché une baisse régulière et, depuis 5 ans, le cap des 700’000 visiteurs n’a plus été franchi.

Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ces chiffres, à commencer par une météo difficile au début de l’événement, des hôtesses moins nombreuses et plus sobres, ou encore le désamour de l’automobile depuis quelque temps qui s’accentue avec les scandales liés aux moteurs diesel. Symbole de liberté et de plaisir il y a quelques années encore, l’automobile est de plus en plus perçue comme un énorme parasite dans les villes, un problème de nuisances sonores et enfin de pollution atmosphérique dans les centres urbains ou en périphéries.

Pire encore pour le futur acheteur d’un véhicule automobile : 200 villes comme Madrid, Paris ou encore Athènes promettent d’éradiquer certains véhicules à l’horizon de 2025 ou du moins, de taxer fortement ceux qui polluent le plus. Autrement dit, pas sûr qu’un véhicule acheté aujourd’hui sera autorisé à rouler demain dans certaines villes ou alors, à défaut, il pourrait y être fortement taxé. De quoi sérieusement remettre en question certains choix.

A la fois sans doute facteur et résultante de cette baisse de fréquentation constatée, plusieurs marques emblématiques comme Opel, Lotus, Infiniti, DS Automobiles ou encore Mini ont choisi de ne pas présenter de voitures au GIMS 2018.

Le diesel, c’est fini

Sans aucun doute, cette motorisation a sauvé les marques automobiles françaises et offert une planche de salut aux constructeurs quand le baril de pétrole a atteint 140 dollars en 2008. Toutefois, les constructeurs ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis car, en l’espace de quelques mois, le « roi » des moteurs à explosion est passé du statut d’engin du futur au pire moteur disponible.

Conséquences : certains constructeurs lucides n’investissent plus dans le diesel, à l’image de Toyota qui a annoncé l’achèvement des ventes de diesel pour fin 2018 en Europe. Quid des autres constructeurs ? Peu d’entre eux communiquent, mais des fabricants ne proposent plus de diesel en affirmant « observer » le marché avant de prendre une décision finale. Pour la Suisse, les clients ont tranché et les ventes du diesel sur 2017 marquent le pas avec une baisse de 6%… en attendant les résultats du premier trimestre 2018, la courbe semble sans retour. Idem pour le reste de l’Europe.

Le futur, ça sera sans vous

En réalité, à l’exception des supercars avec des performances délirantes, le futur se fera sans automobiliste. Trop distrait, trop maladroit, trop impatient, le conducteur n’est plus désiré dans la voiture de demain et c’est clair pour tous les constructeurs. Moteur électrique et conduite autonome, voilà les mots clés de cette année.

Bien entendu, si quelques marques commercialisent déjà des voitures 100% électriques, pour ce qui est du modèle 100% autonome (niveau SAE 5), ce n’est pas encore pour demain, même si tous les constructeurs ont un prototype dans un coin du stand ou dans une vidéo promotionnelle. Certains ne s’ennuient même plus avec un volant puisque la voiture devient un objet de transport, stylé ou non, et vous devenez une vulgaire « marchandise » transportée d’un point A à un point B.

En bref, tous ces véhicules autonomes montrent une chose : vous ne serez plus un conducteur et c’est l’ordinateur ou l’intelligence artificielle (AI) qui s’occupera de tout. Serez-vous encore propriétaire ? Par sûr non plus, des acteurs totalement externes à l’automobile investissent massivement dans la voiture autonome pour vous offrir un service de transport et rien d’autre.

Ce futur promet un nombre impressionnant de bienfaits comme une nette amélioration, entre autres, de la sécurité routière, de la consommation, de la pollution et, on peut toujours rêver, des embouteillages. Par contre, au niveau du plaisir et des sensations de conduite en général, on repassera. Historiquement parlant, toute la communication des constructeurs était basée là-dessus. Du plaisir de rouler confortablement à l’excitation de rouler sportivement, tous les messages faisaient appel aux sensations du propriétaires et/ou conducteurs.

La technologie et la législation n’étant pas encore prête à 100%, la conduite gérée grâce à un être humain est toujours d’actualité et le restera encore des années. Toutefois, ce que le Geneva International Motor Show 2018 a montré, c’est que l’avenir ne se conjugue plus avec un conducteur et sa monture. Et si l’automobile était le premier secteur à être totalement géré par l’AI ? Cette idée était absurde il y a encore quelques années, mais aujourd’hui elle me paraît plus que probable, inéluctable même.

Profitez de votre permis et de votre voiture le plus longtemps possible, car peu importe la relation que vous entretenez avec votre véhicule, le futur de l’automobile sera différent.

Stands remarquables

Outre ceux présentant des voitures toujours plus puissantes et plus impressionnantes, ou alors des prestations haut de gamme d’un luxe absolu, quelques stands valaient le détour pour d’autres raisons. On relève notamment le trophée du Creativity Award, qui récompense le meilleur stand, remis à la marque Jeep, mais aussi une mention spéciale à celui de Dacia.

D’autre part, un stand était consacré au Concours d’Elégance Suisse et a présenté deux pièces de toute beauté qui ont respectivement gagné le Grand Prix lors des deux premières éditions. A citer également l’exposition de voitures anciennes “Retour Du Futur”, pour les amateurs d’authenticité et de délicieuse nostalgie. D’autres surprises telles le concept de voiture volante concocté par Airbus ou encore la voiture-hélicoptère Pal–V ont pu agrémenter la visite au fil des stands.

Et, “Last but not Least”, comment ne pas citer l’énorme statue identitaire de Peugeot qui trônait au milieu du stand de la marque au lion. Bref, si l’heure n’est pas forcément à l’optimisme démesuré, il faut reconnaître que ce Salon de l’Automobile valait le détour pour nombre d’excellentes raisons.

Le 89ème Salon international de l’automobile aura lieu du 7 au 17 mars 2019. L’équipe de Wheels And You se réjouit d’avance de vous faire découvrir toutes les nouveautés à venir. En attendant, si vous n’avez pas visité cette édition 2018, retrouvez les nouveautés majeures dans notre reportage.

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