28 June 2018

Les 22, 23 et 24 juin dernier s’est déroulée la troisième édition du Concours d’Elégance Suisse dans le magnifique cadre du Château de Coppet. Comme les années précédentes, Wheels And You était présent afin de vous faire partager ses impressions sur cet événement qui nous est cher. On peut déjà vous dire que la montée en puissance est phénoménale.


Texte : Sébastien Morand / Photos : Marc-Philip Jennings, Yves Zogheb


Après deux éditions qui démontraient l’investissement de l’organisateur, Mathias Doutreleau et de son équipe, cette année l’évolution est d’autant plus flagrante ! Le plateau des voitures présentes est d’une qualité impressionnante avec quelques perles exceptionnelles. Selon les chiffres, il y a un peu moins de véhicules qu’en 2017, 85 contre 101, mais leurs attraits compensent largement cette légère diminution.

Confirmation du travail fourni, l’arrivée de deux nouveaux sponsors principaux, la banque Julius Baer et l’horloger Breitling. De plus, le soutien depuis le début de la part de Rolls-Royce au travers de Prestige Motor Group a lui aussi évolué. C’est maintenant la maison mère qui supporte la manifestation, toujours en collaboration avec l’agent de la région, et qui a décidé de marquer le coup en présentant en exclusivité le Cullinan, premier SUV du constructeur britannique, mais j’y reviendrai. On souligne encore la présence des marques Alpine, Aston Martin, Bentley et Ferrari qui profitent d’exposer les dernières nouveautés, c’est une bonne chose.

Le programme est plus ou moins le même, avec une balade en Suisse Romande le vendredi, quelques réjouissances en soirée et le début des hostilités dans les jardins du château le samedi à 9h00. Petite différence, l’accès au public est déjà possible le samedi à midi et non plus uniquement le dimanche.

Pour commencer, l’organisation nous réserve une session de présentation par M. Adolfo Orsi, le président du jury. Quel régal d’écouter parler cet homme passionné et doté d’une connaissance sans limite du monde des automobiles anciennes. Il faut savoir qu’au début des Concours d’Elégance, ceux-ci permettaient de récompenser les nouvelles autos. Il n’y a qu’avec le temps et surtout ces trente dernières années qu’on mets à l’honneur les classiques.

Lors du processus de sélection des voitures présentées lors du Concours, c’est à dire bien avant le week-end de la manifestation, tous les critères sont vérifiés et la part la plus importante du travail se fait. Sur place, le jour J, les juges se chargent de valider que toutes les pièces sont authentiques et évaluent l’état global, tout cela en 20-30 minutes maximum. 15 classes servent à bien regrouper les véhicules en fonction de critères précis, que ça soit une période, un type de carrosserie, voire même un modèle en particulier, etc.

D’ailleurs, cette année, pour fêter les 60 ans de l’Aston Martin DB4 et de la Ferrari 250 GT Coupé Pinin Farina, il y a deux catégories distinctes qui sont plutôt bien fournies. Pas moins de 6 exemplaires pour l’élégante anglaise et 4 pour la belle italienne !

Pour revenir à l’analyse des juges, chaque voiture dispose d’un quota de 100 points desquels sont déduits les défauts ou non-conformités qu’on pourrait leur reprocher. Chaque fausse note fait perdre entre 1 et 5 points. Exemple, un moteur qui ne serait pas celui d’origine, c’est directement cinq points en moins.

Autre paramètre à savoir : si, à une époque, on avait tendance à sur-restaurer les autos, principalement aux Etats-Unis, aujourd’hui on privilégie l’authenticité. Il vaut mieux un élément abimé par le temps, avec une véritable patine, que quelque chose de trop neuf. Fervent adepte des anciennes 100% d’origine, tout cela n’est pas pour me déplaire ! Les juges apprécient aussi tout particulièrement une voiture qui roule et dont son propriétaire n’hésite pas à profiter. Là encore, je ne peux qu’applaudir ce choix. « No Garage Queen » comme disent les anglais. Il faut savoir également que les commentaires transmis par les juges n’ont pas pour but de réprimander le propriétaire, mais plutôt de lui donner des pistes en vue de rendre la voiture encore plus proche de son état original.

Petit intermède pour parler d’une auto moderne dont la présence ne passe pas inaperçue : le Rolls-Royce Cullinan ! En effet, difficile de ne pas remarquer le mastodonte anglais qui trône à l’entrée du château. Un deuxième exemplaire se trouve dans l’enceinte devant le stand du constructeur. Ce dernier profite de l’événement pour le présenter en avant-première, confirmant ainsi un soutien majeur à ce Concours d’Elégance mais aussi prouvant l’importance du marché suisse pour la marque et surtout pour ce modèle.

Plutôt bien proportionné malgré une taille très imposante, le Cullinan affiche une prestance indéniable. Les codes stylistiques et la parenté avec les autres modèles la marque sont évidents. Même en cachant tous les badges, on sait immédiatement qu’il s’agit d’un pur produit Rolls-Royce. C’est pareil pour la finition et la qualité de présentation, ainsi que le niveau de personnalisation, le Cullinan est digne du Spirit of Ecstasy qui orne sa calandre ! En discutant avec M. Julian Jenkins, le Regional Directeur pour la Grande-Bretagne, l’Ouest et le Sud de l’Europe, la Russie ainsi que l’Asie Centrale, je constate à quel point la marque a travaillé sur tous les détails de ce véhicule pour qu’il soit à la hauteur de ce qu’on attend d’une Rolls-Royce.

Nous n’avions pas parlé au moment de sa présentation, mais j’ai pu profiter de tester les deux sièges qui se trouvent dans le coffre. La « Viewing Suite » comme l’appelle le constructeur. A moins d’être un adepte des matchs de polo ou des courses de chevaux, et surtout de pouvoir y assister depuis un espace qui permet de parquer sa voiture, c’est une option plutôt inutile. Mais croyez-moi, assis à cet endroit à observer les sublimes automobiles présentes dans les jardins du Château de Coppet est un moment unique. Il suffit d’un bref instant comme celui-ci pour rendre cette option totalement indispensable.

Le Cullinan est proposé dès 265’000 euros, il arrivera dans notre pays au début de l’année prochaine. Nous ne manquerons pas de vous proposer un essai complet pour confirmer qu’il dispose du confort d’une Rolls, mais aussi des aptitudes offroad qu’il promet.

Revenons à cette troisième édition du Concours d’Elégance Suisse, en résumant maintenant les résultats des différentes classes :

1920 – 1929, de la modernité au design, carrosseries ouvertes
1er Prix : Hispano Suiza H6B torpedo cabriolet double capot, de1926, carrossée par Bligh Brothers, appartenant à Jose Maria Fernandez (Suisse)
2e Prix : Bugatti Type 43 A de 1931, appartenant à Pascal Behr (Suisse)

1930 – 1939, de la modernité au design, carrosseries ouvertes
1er Prix : Delage D8-120 de 1937, carrossée par Henri Chapron, appartenant à Merle et Peter Mullin (Etats-Unis)
2e Prix : Cord 812 SC Phaeton de 1937, appartenant à la collection Burkhardt (Suisse)

1930 – 1939, de la modernité au design, carrosseries fermées
1er Prix : Bugatti Type 57 S Atalante de 1937, appartenant au Musée National de l’Automobile, Collection Schlumpf (France)
2e Prix : Hispano Suiza T49 « Weyman Saloon» de 1927, carrossée par H.J. Mulliner, appartenant à Marco Gastaldi (Monaco)

Ferrari à moteur avant de 1947 – 1964
1er Prix : Ferrari 342 America de 1953, carrossée par Pininfarina, appartenant à Bruce Vanyo (Etats-Unis)
2e Prix : Ferrari 330 GT America de 1963, carrossée par Pininfarina, appartenant à Albert Obrist (Suisse)

Ferrari à moteur avant de 1965 – 1971
1er Prix : Ferrari 365 GTB/4 Daytona, de 1971, appartenant à Paulo Bianchi (Monaco)
2e Prix : Ferrari 275 GTB/4 de 1967, appartenant à une collection privée (Suisse)

Carrosseries Suisses
1er Prix : Alfa Romeo 6C 2300 BMM de 1939, carrossée par Graber, appartenant au Dr. Matthias Metz (Allemagne)
2e Prix : Mercedes-Benz 500K de 1934, carrossée par Graber, appartenant à Hans Schweizer (Suisse)

60e anniversaire de l’Aston Martin DB4
1er Prix : Aston Martin DB4 serie II, de 1960, appartenant à Michel Acquaroli (Suisse)
2e Prix : Aston Martin DB4 Vantage serie IV, de 1962, appartenant à la collection Sports Classics Geneva (Suisse)

60e anniversaire de la Ferrari 250 GT Coupé Pinin Farina
1er Prix : Ferrari 250 GT coupé Pinin Farina de 1960, appartenant à André Sanchez et Jean-Yves Charriau (France)
2e Prix : Ferrari 250 GT coupé Pinin Farina de 1958, appartenant à une collection privée (Suisse)

Coupés sportifs de 1940 – 1959
1er Prix : Alfa Romeo 6C 2500 super sport Villa d’Este de 1949, carrossée par Touring, appartenant à Ermanno Keller (Suisse)
2e Prix : Mercedes-Benz 300 SL de 1955, appartenant à Andries Meuzelaar (Belgique)

Coupés sportifs à moteur avant 1960 – 1975
1er Prix : Jaguar Type E de 1961, appartenant à Christian Jenny (Suisse)
2e Prix : Lancia Flaminia Super Sport de 1966, carrossée par Zagato, appartenant à Werner Zücker (Suisse)

Coupés sportifs à moteur arrière 1960 – 1977
1er Prix : Lamborghini Countach LP400 de 1977, appartenant à Simon Kidston (Suisse)
2e Prix : Lamborghini Miura P400 SV de 1972, appartenant à William Heinecke (Thailande)

Voitures de sport cabriolet 1956 – 1975
1er Prix : Aston Martin DB5 de 1964, appartenant à Elmar Wiederin (Suisse)
2e Prix : Mercedes-Benz 300SL de 1969 « Senf », appartenant à René Noppel (Suisse)

Berlines de Luxe 1949 – 1960
1er Prix : Rolls-Royce Silver Wraith de 1952, carrossée par H.J. Mulliner, appartenant à Mauro Borella (Italie)
2e Prix : Rolls-Royce Silver Wraith de 1954, carrossée par H.J. Mulliner, appartenant à Michel Bourely (Belgique)

Futures Classiques, Berlines de Luxe 1969 – 1979
1er Prix : Monteverdi 375/4 de 1972 carrossée par Fissore, appartenant à Paul Berger (Suisse)
2e Prix : Mercedes-Benz 450 SEL 6.9 de 1979, appartenant à la Global Car Collection (Suisse)

Futures Classiques, Berlines de Luxe 1980 – 1985
1er Prix : Rolls-Royce Silver Spur de 1984, carrossée par St James Hooper, appartenant à la Global Car Collection (Suisse)
2e Prix : Rolls-Royce Silver Wraith II de 1980, appartenant à la Global Car Collection (Suisse)

Prix d’exception :

Prix de la Meilleure Préservation
Décerné à l’automobile dans le meilleur état de préservation : Hispano SuizaT49 « Weyman Saloon» de 1927, carrossée par H.J. Mulliner appartenant à Marco Gastaldi (Monaco)

Prix du Cercle des Passionnées
Décerné par le Cercle des Passionnés pour l’automobiles vendue neuve en Suisse et toujours dans la même famille en Suisse depuis plus de vingt ans : Mercedes-Benz 500K de 1934, carrossée par Graber, appartenant Hans Schweizer (Suisse)

Prix de l’Equipage présenté par The Rake Magazine
Décerné à l’équipage en habits d’époque : Mercedes-Benz 450 SEL 6.9 de 1977, appartenant à Raphaël Hubin (Suisse)

Prix de l’Elégance sur-mesure présenté par Berence Genève
Décerné à la plus élégante carrosserie faite sur mesure : Mercedes-Benz 500 K, de 1935 carrossée par Sindelfingen, appartenant à une collection privée (Suisse)

Prix du Jury Honoraire – Prix de l’automobile du Salon de l’Automobile de Genève
Décerné à l’automobile ayant été présentée au Salon de l’Automobile de Genève : Ferrari 250 GT berlinette de 1962, carrossée par Bertone (ex-Nuccio Bertone), appartenant à une collection privée (Suisse)

Prix du Président du Jury Honoraire
Décerné à l’automobile préférée du Président du Jury Honoraire : Ferrari 250 GT California Spider de 1960, appartenant à une collection privée (Suisse)

Grand Prix Gagnant du Concours d’Elégance Suisse / Best of Show
1er Prix : Alfa Romeo 6C 2300 BMM de 1939, carrossée par Graber, appartenant au Dr. Matthias Metz (Allemagne)
2e Prix : Alfa Romeo 6C 2500 Super Sport Villa d’Este de 1949, carrossée par Touring, appartenant à Ermano Keller (Suisse)

Comme je vous le disais au début, le panel des voitures présentes est tout bonnement exceptionnel. Indépendamment des prix décernés, il me semble primordial de partager mon sentiment à ce sujet.

Tout d’abord, et c’est sûrement le fait le plus marquant de cette édition, nous avons pu profiter de découvrir côte à côte deux exemplaires de Bugatti Type 57S Atalante. C’est quelque chose de sensationnel qu’on n’est pas prêt de revoir, même les juges ont été subjugués. Je suis également tombé sous le charme de la splendide Alfa Romeo 6C 2300 BMM de 1939 et à priori je ne suis pas le seul puisqu’elle a gagné le prix « Best of Show ».

Autre présence spectaculaire, la Ferrari 250 GT SWB Berlinetta Speciale de 1962. Une auto dessinée par Giugiaro et carrossée par Bertone. C’est un exemplaire unique dont la calandre « Shark Noze » rend hommage la Ferrari 156, la Formule 1 qui a permis à Phil Hill de remporter le titre de Champion du Monde en 1961. Pour rester dans le thème « Short Wheel Base by Ferrari », je ne résiste pas à un duo de charme composé d’une magnifique 250 GT SWB, uniquement en présentation devant le stand Ferrari, et d’une sublimissime 250 GT SWB California Spider. La première est à mes yeux le saint graal ultime de l’automobile mais, au vu de la cote actuelle, elle devra rester un rêve totalement irréalisable. Plus raisonnable, quoi que, j’ai eu un véritable coup de coeur pour une Ferrari 330 GT America de couleur vert très foncé avec un intérieur brun caramel. Un combo typiquement anglais mais qui sied parfaitement à cette belle italienne.

Bien évidemment les différentes Aston Martin DB4 ne me laissent pas indifférent et les deux primées sont justement celles qui m’ont le plus tapées dans l’œil. A la fin de l’événement, j’ai même la chance de faire un tour à bord de la DB4 Vantage Series IV de 1962, couleur Caribbean Pearl, qui a fini deuxième de sa classe. Merci à Thilo Martin de Sports Classics Geneva pour ce petit moment de bonheur qui clôture mon week-end de manière merveilleuse au chant envoutant de cette belle anglaise. Pour information, ce magnifique exemplaire est à vendre, mais là encore, pour ma part, je ne peux qu’en rêver. On aussi profité de déplacer la DB6 Volante qui était exposé devant le stand Aston Martin, là aussi des instants courts mais avec une saveur toute particulière.

D’autres voitures moins connues m’ont également fait de l’œil, j’en retiens tout particulièrement trois. La Fiat 8V Rapi Corsa de 1953, la Triumph Italia 2000 de 1960 basée sur l’ensemble châssis/moteur de la TR3 et carrossée par Vignale, ainsi que la Lancia Flaminia Super Sport de 1966 carrossée par Zagato. A noter que le premier propriétaire de cette dernière a voulu la vendre au début des années 70 pour acquérir une Mercedes, car il avait des problèmes de dos. A l’époque, le représentant de la marque allemande lui en avait proposé 4’000 francs. Pour ce prix, il a préféré la donner à un jeune homme qui n’est autre que le propriétaire actuel !

Difficile également de ne pas s’attarder sur les deux Lamborghini. Tout d’abord une Miura P400 SV dont le propriétaire s’est fait remplacer pour l’occasion par Valentino Balboni, le très connu pilote-essayeur de la marque de Bologne, puis sur sa descendante, une Countach LP400 Periscopio, la toute première génération, dont la teinte violette a marqué les esprits. C’est pourtant bien sa couleur d’origine et il n’y en a eu que deux produites ainsi sur les 150 exemplaires de « Periscopio ». Ce nom vient d’un système de périscope qui devait faire office de rétroviseur central et qui équipait le prototype. L’astuce pour voir à l’arrière de la voiture n’a pas fonctionné, mais la découpe dans le toit a été conservée.

Notons aussi la présence d’une Jaguar Type E Coupé de 1961. Relativement banal me direz-vous… pas tout à fait car il s’agit de l’exemplaire présenté au Salon de Genève l’année de son lancement !

Avec un tel panel de bijoux automobiles et une fréquentation en hausse, plus de 2’500 visiteurs sur le week-end, cette troisième édition du Concours d’Elégance Suisse démontre qu’il y a matière à faire perdurer un tel événement et nous réitérons nos félicitations ainsi que notre soutien à ses organisateurs. Nous avons également pu constater que les participants, mais aussi les visiteurs, ont encore un peu plus joué le jeu de l’habillement, que ça soit d’époque ou avec élégance. C’est sur la bonne voie, il faut continuer ainsi. Rendez-vous donc du 21 au 23 juin 2019 pour le quatrième opus qui sera, on l’espère, encore plus exceptionnel.

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Nos remerciements aux organisateurs du Concours d’Elégance Suisse, tout particulièrement son instigateur Mathias Doutreleau, ainsi qu’à Rolls-Royce Motor Cars Ltd. pour leur invitation à cette 3ème édition.

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